Dans une lettre adressée aux membres du parlement, les trois syndicats appellent à rejeter le projet de loi relatif à la responsabilisation des travailleurs dans le cadre des « trajectoires de retour au travail ».

Ces six derniers mois, des experts, médecins, associations de patients, mutualités et interlocuteurs sociaux se sont tous prononcés explicitement contre l’instauration de cette législation. Cette mesure est inefficace sur le plan politique, elle touche des personnes en situation précaire et, surtout, se désintéresse des causes de la maladie de longue durée et de l’approche nécessaire pour y remédier.

Les sanctions ne marchent pas

Les recherches relatives aux effets (sur l’emploi) des sanctions en matière d’allocations démontre que l’on ne peut conclure à l’efficacité de ces mesures. L’avis politique sur la question précise qu’il faut éviter de telles mesures qui ont un impact sur les revenus.

Il ressort de la recherche politique et des expériences à l’étranger que les sanctions en matière d’allocations à l’encontre des malades de longue durée n’augmentent pas les chances de réintégration professionnelle, au contraire. Ces sanctions nuisent à la confiance nécessaire, entrainent des frictions et touchent un groupe qui est déjà en situation précaire. En Belgique aussi, la moitié des ménages ou vit un malade de longue durée ont déjà du mal à joindre les deux bouts, et 40% reportent les soins médicaux.

Contreproductif

L’application de sanctions en matière d’allocations nuira donc à l’efficacité des réformes utiles adoptées récemment et sur lesquelles nous avions émis un avis positif, telles que l’introduction des coordinateurs de retour au travail et les adaptations des trajectoires de réintégration.

C’est pourquoi les syndicats demandent instamment de ne pas adopter cette législation, dont l’inefficacité a été démontrée. Selon nous, ces sanctions contribuent à culpabiliser toujours plus ceux qui, à juste titre, recourent à notre sécurité sociale. Les responsables politiques se focalisent, à tort, sur le comportement individuel des allocataires sociaux, et détournent ainsi l’attention de la seule méthode efficace pour relever l’énorme défi sociétal que représente la maladie de longue durée : s’attaquer structurellement aux causes de cette augmentation de malades de longue durée.

Causes des maladies de longue durée

Les principales causes du défi que représente ce groupe très important des malades de longue durée sont bien connues :

  • une population active vieillissante avec davantage de femmes au travail,
  • une augmentation des troubles psychiques et musculosquelettiques,
  • de grandes lacunes dans la soutenabilité du travail (travail faisable) 
  • l’insuffisance des possibilités d’aménagement adéquat de la fin de carrière.

Si le monde politique entend à la fois augmenter le taux d’emploi et maintenir plus longtemps les travailleurs en activité, il doit inévitablement prendre le mal à la racine et s’attaquer au travail qui les rend malades tout au long de leur carrière.